STAFF TECHNIQUE DES ECUREUILS :
Pourquoi un mercenaire au prix fort ?
Auteur(s) / source : Aubay-Rolland ZOHOUN/ In l'autre quotidien
Après la
qualification des Ecureuils et à quelque dix semaines de la CAN Ghana 2008, il est
de plus en plus question de faire appel à un "technicien expatrié"
pour encadrer le onze national. Une information qui mérite réflexion.
«Mais Rolland, qu’est-ce qui se passe chez
vous ?» me demande il y a 48 heures monsieur Gérard Dreyfus alors qu’il
préparait son émission «Voyages en ballon» sur radio France internationale. Je
n'ai su quoi répondre. Pour lui, c’est clair «On ne change pas une équipe qui
gagne et le sélectionneur Gomez a réussi le plus difficile en qualifiant les
Ecureuils.» Mais au pays des anomalies, il faut s'attendre à beaucoup de
situations désopilantes. Comme chercher des joueurs par internet. Cette
fois-ci, c’est «un blanc en perte de vitesse qu’on veut rechemiser pour
relancer.» Cette phrase de Edmé Codjo prononcée en janvier 2007 est la plus
adaptée à la situation. Un mercenaire en somme. Un homme de mission à ce qu’il
parait ! Quelqu’un viendra gagner quelques dizaines de millions et qui ne
restera pas plus longtemps que les 3 matches de la Can. Il n’est pas là pour
construire, mais juste pour le show des caméras pendant la coupe d’Afrique.
C’est l’une des 5 plus grandes compétitions du football mondial et les entraîneurs
se relancent facilement grâce à elle. Le Bénin s’il s’attache un mercenaire
commettra la plus grosse bêtise dans le redressement de son football. Ce
mercenaire quelqu’il soit va coûter environ 50 millions en 3 mois d’exercice et
ceci fait bien le 10e du budget alloué au football chaque année par l’Etat.
Ceci équivaut également au budget global du tournoi international des académies
de football (Tiafco). C’est de loin la subvention qu’il faut pour améliorer le
niveau du championnat national. Un sélectionneur recruté à prix d’or, cela
coûte un retard d’une saison dans le développement de notre football. Devèze et
Revelli n’ont jamais eu le temps d’apporter quelque chose à notre football. Le
premier est un mercenaire qui a profité des compétences de son adjoint Codjo.
Le deuxième est trop correct pour pactiser avec le diable. J’espère que du côté
des autorités béninoises on l’a compris comme cela. Le Bénin est trop dépourvu
pour servir de tremplin à un technicien qui a fait le tour du monde. Avec de prestigieux
adversaires dans notre groupe, tous les techniciens désoeuvrés sont attirés,
car ils auront les regards de l’Angleterre de Drogba et l’Espagne de Kanouté.
Mais le choix d’un mercenaire pour le Bénin signifie au lendemain de cette Can,
la ruine tant morale que financière. L’Etat béninois n’aura même plus le
courage d’investir un franc dans les éliminatoires de 2010 qui constituent
pourtant un des enjeux de l’année 2008.
2010
c’est déjà maintenant
Quand
en août 2004 L’Autre Quotidien débutait la rubrique «Ecureuils d’Europe», la
sélection nationale était dans un état tel que personne ne faisait attention
aux performances des joueurs, sauf quelques passionnés. Tout le monde avait les
yeux rivés sur Egypte 2006, au moment où en voyant les débuts de Sessègnon à
Créteil nous prédisions presque le renouveau du Bénin pour 2008. Ghana 2008,
nous y sommes et certains en sont surpris. Gouverner c’est prévoir et un
responsable se doit d’être un homme de perspectives. Inviter 3 techniciens de
renom à la Can
afin déjà de les préparer à leur mission pour Juin 2008, ce serait l’acte à
poser par les responsables du football s’ils ont un minimum de vision. Au
lendemain de la Can,
le Bénin ne connaîtrait plus alors la rupture habituelle. Les éliminatoires
pour Afrique du Sud 2010 débuteront en juin 2008, soit moins de 4 moins après la Can. Je sais, tous les
Béninois se disent toujours que 4 mois c’est beaucoup. Quand arrivera avril, on
comptera les jours et dans la précipitation on choisira un staff de
sélectionneurs nationaux, toujours prêts à tous les sacrifices. L’éternel
recommencement n’est pas loin et c’est bien ce que je crains pour la sélection
nationale béninoise.