"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Tractations et cohabitation politiques :

Yayi-Soglo : le divorce !

19 décembre 2007 - Les derniers évènements à l’Assemblée nationale risquent de porter à nouveau un coup sévère aux relations entre le chef de l’Etat Yayi Boni et Nicéphore Soglo. Sur la question de la désignation des représentants du parlement pour siéger à la Commission électorale nationale autonome (Cena 2007), la Renaissance du Bénin a désavoué la majorité présidentielle, dont elle fait pourtant partie. De quoi drainer du terreau pour un divorce en instance entre les deux hommes depuis les élections législatives de mars 2007. ...
C’est à un duel à distance qu’on assiste entre le chef de l’Etat Yayi Boni et les autres ténors de la vieille classe politique à l’Assemblée nationale au sujet de la désignation des membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena 2007). A l’opposé de la majorité présidentielle, prête à se tailler la part du lion, se trouvent les partis traditionnels présents au parlement. C’est ainsi que l’Alliance pour une dynamique démocrate (Add) et le Prd-Prs ont affiché une même position sur le sujet en donnant de la voix pour dénoncer le plan de la majorité présidentielle. Ils se sont mis ensemble pour claquer la porte. Dans le sens normal des choses, la réaction de certains partis cadre avec leur position au parlement. Le cas du Prd, du Psd et à un degré moindre le Madep. Mais si les députés de la Renaissance du Bénin de Nicéphore Soglo, parti dit de la majorité présidentielle arrivent eux aussi à avouer leur hostilité à leurs collègues de Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), il y a maldonne qui annonce un mauvais présage sur l’avenir des relations entre le nouvel homme fort du pays et l’ancien chef de l’Etat, maire de la ville de Cotonou. Son parti, la Renaissance du Bénin, n’est-il pas en train de perdre les pédales, si l’on admet qu’il est proche du pouvoir. Et aussi, l’ancien chef de l’Etat n’a-t-il pas des griefs contre le locataire de la Marina ? Récemment avec la nomination à de hautes fonctions des cadres du parti de la Renaissance du Bénin, tombés en disgrâce avec les dirigeants et les militants, Nicéphore Soglo a compris la stratégie de St Thomas. Le choix de Galiou Soglo à la tête du ministère des sports et la désignation de Joseph Tamégnon pour conduire les destinées de la Société de gestion des marchés autonomes, n’ont pas été accueillis avec joie. Parce que ces deux personnalités du parti, avaient un pied dedans et l’autre dehors. Les barrons de la Rb sont montés au créneau pour signifier que le chef l’Etat ne les consulte pas avant de faire appel à des membres du parti. Il y a malaise. A vrai dire, c’est parce que ce rapprochement est marqué par de réelles difficultés, que l’on assiste à cette prise de position de Rosine Soglo et de ses lieutenants. Les évènements de ces derniers jours au parlement doivent être considérés comme un élément de plus dans les difficultés qui affectent les relations entre les mal aimés de la majorité présidentielle et le chef de l’Etat. Du fait que la Rb n’aille pas, par quatre chemins pour s’aligner dans les rangs des autres formations politiques classées à tort ou à raison dans l’opposition montre combien ce parti n’est pas sur la même longueur d’ondes avec ceux qui sont sensés être du même bord que lui. A l’analyse de cette nouvelle situation au parlement, il faut établir que depuis les dernières élections législatives, la Rb a du mal à se positionner sur l’échiquier politique national. .L’on se conforte dans une telle appréciation en se basant sur son ralliement à des positions qui n’arrangent pas les intérêts du chef de l’Etat. Même si Rosine Soglo et son groupe revenaient sur leur décision, ils ont déjà montré à la majorité présidentielle et particulièrement au président de la République, qu’il ne faut pas compter sur eux. Il n’est pas exclu que les députés de l’Add et du Prd-Prs reviennent à la plénière pour continuer le processus. Cela pourrait être le fruit de l’entrevue que le chef de l’Etat a eue avec le Président de l’Assemblée nationale et les présidents de groupes parlementaires. Il a été question de préserver l’union et l’image de marque de la démocratie béninoise dans ce processus de désignation.
Encore des enjeux
Face à ces enjeux que représentent les prochaines élections communales et municipales, les positions se déclinent. Tout porte à croire que le chef de l’Etat ne veut faire de cadeau à personne. La mairie de Cotonou fera peut-être partie de ses conquêtes politiques. Il en donne les preuves tous les jours à travers les grands travaux qu’il lance personnellement. Ce qui n’est pas toujours bien vu par les actuelles autorités municipales. Et, pendant qu’il est sur tous les fronts dans la capitale économique, ses hommes travaillent sur le terrain en sous marin. La preuve que contrôler Cotonou est un challenge pour le chef de l’Etat. Il n’a pas envie de faciliter les choses pour l’actuel maire Nicéphore Soglo. Lui non plus ne pense pas arrêter en si bon chemin tout ce qu’il est en train d’entreprendre. Les prochaines élections se dérouleront dans la même ambiance que les législatives de mars 2007. La bataille des clans à laquelle on assiste aujourd’hui à l’Assemblée nationale n’en est qu’un avant goût. La majorité présidentielle ne sera pas dans la course pour soutenir les Soglo. Elle s’engagera pour faire élire des conseillers à sa solde et puis un maire de son gré. C’est pourquoi, le contrôle de la Cena donne lieu à tous ces tiraillements et intrigues. Le même scénario s’est déjà produit pour les législatives de mars 2007 et s’est prolongé lors de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. Savons-nous que le groupe de députés qui ont claqué la porte du parlement dans la nuit du lundi dernier, est le même qui avait soutenu la candidature de Bruno Amousou contre l’actuel président Mathurin Nago. Il se trouve que la Rb est toujours dans les plans anti mouvance. Il serait stupide de croire qu’entre Soglo et Yayi, le courant passe toujours. Les récentes images qu’on garde d’eux, montrent les deux hommes d’Etat assis côte à côte après de chaudes accolades et échangeant durant la cérémonie de clôture du forum sur la décentralisation. Est-ce une farce ?
Fidèle H Nanga



21/12/2007
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