"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Vengence émergente

En attendant la colère présidentielle

mercredi 23 avril 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 23 avril 2008

 

Ils ont osé. Cotonou, Porto-novo, Lokossa, Natitingou, Abomey, tous dans la contestation. Tous les anciens chefs-lieux de département, à l’exception de Parakou. Ils sont passés outre les avertissements présidentiels sur les risques d’un sevrage budgétaire sans complaisance. Plus d’hôpitaux, de centres de loisirs, de puits et d’électricité. Adieu, les timides tentatives de transfert de compétences et de ressources aux communes au cours des deux dernières années. Tans pis pour ces effrontés qui se sont permis le luxe, par leur vote massif, de rejeter les choix à eux faits par le docteur-président-plus-que-Dieu.

Les Cotonois ont même poussé l’outrecuidance jusqu’à recaler le maire potentiel, épouvantail parfait du 3ème arrondissement, lancé par la machine présidentielle depuis le port de Cotonou. Après un tel toupet, il faut s’attendre logiquement à une punition proportionnelle à l’affront. Le sort est jeté. Avis aux prochains maires « rebelles ». Inutile d’espérer une once d’appui du gouvernement. Si ce ne sont les structures de tutelle et de contrôle désormais érigées en instruments de destruction massive. « Que l’Ige descende là-bas et on va voir » scandait déjà le porte-parole du gouvernement, parlant du conseil municipal de Cotonou au lendemain du brûlot de Soglo sur Rfi.

Les propriétaires du budget national ont décidé d’opérer suivant la carte électorale. En entendant de voir le mode d’emploi au cas par cas. Le déclassement du sommet de la Cen Sad de Cotonou à Parakou par exemple ? Autant demander un report d’au moins 10 ans – le temps de refaire totalement le tronçon Cotonou-Bohicon-Dassa, d’achever l’aéroport international qui n’a reçu pour le moment que la seule première pierre, d’ouvrir de nouveaux chantiers de villas présidentiels, d’installer de nouveaux hôtels, de réaménager des boulevards à l’intérieur de ville etc… Etre sûr enfin de ne pas provoquer l’ire du guide libyen et obtenir de nouveaux subsides pour les besoins de la cause. Entre temps, le Bénin a déjà connu deux élections présidentielles et certainement l’alternance à la manette.

Une destitution de la capitale Porto-Novo ? Impossible sans une révision constitutionnelle dans un contexte où le régime du changement perd de plus en plus pied au palais des gouverneurs. Reste l’argumentaire à servir à l’opinion nationale et internationale pour justifier cette volonté d’assouvir la colère du grand chef. Par contre, on peut mettre un bouchon étanche à la trompette de la réhabilitation de la capitale. Là encore les Aïnonvis perdent très peu de chose au change car depuis deux ans ils n’ont rien vu venir en dehors des fanfaronnades préélectorales.

Abomey est déjà très mal en point pour craindre le pire. Près d’une décennie que l’ancien opposant Houédjissin passé de l’autre côté parlait de Sibérie du Bénin en évoquant le délabrement imposé à sa chère cité natale. Ce qui n’a pas empêché l’amorce d’une renaissance culturelle à travers le désormais classique festival Danxomè et quelques autres balbutiements heureux de l’équipe municipale reconduite. Lokossa et Natitingou se projettent dans le même attentisme que les autres « rebelles ».

A moins que le recours à l’épée de Damoclès ne cache l’immobilisme d’un gouvernement qui avait déjà gelé de toutes les manières les programmes d’investissements publics à son avènement.

Du même au même avec ou sans adhésion à la Fcbe.



23/04/2008
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