"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Visite de chantier :

23 novembre 2007 - la presse du Jour

Le ministre Armand Zinzindohoué  et ses frasques

Le ministre en charge des transports et des travaux publics a désormais choisi d’être sur le terrain. Après son émission réalisée il y a quelques jours et au cours de laquelle il a juré qu’il n’y aura pas d’éléphants blancs sous le mandat du président Boni Yayi, M. Armand Zinzindohoué a entrepris une tournée dans les départements des Collines et de la Donga. Si dans la Donga l’heure était plutôt à la joie, dans les Collines, le ministre Zinzindohoué est maladroitement sorti de ses gongs.

Le retard accusé dans la réalisation des travaux d’aménagement des pistes de desserte rurale dans la Commune de Ouèssè et plus précisément à Kèmon a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. A la télévision, on a en effet vu un ministre qui était dans tous ses états. Face aux défaillances constatées sur le terrain, le patron du département des travaux publics a demandé à voir le responsable de l’entreprise chargée de l’exécution de cette voie. Quelqu’un s’est alors présenté. Pour le ministre, ce n’était pas le vrai patron de l’entreprise en question. Comme à ses habitudes, le ministre Armand Zinzindohoué a bien vociféré. Et comme en face il n’y avait personne pour lui répondre, il a dû se taire. Pour lui, les travaux doivent être impérativement achevés dans un délai maximum de trois mois, autrement des pénalités seront appliquées à l’entreprise qui a gagné le marché. Pour ceux qui sont déjà habitués à ces frasques du ministre Armand Zinzindohoué, il n’y avait pas vraiment matière à fouetter le chat. Et selon certaines indiscrétions, il a fallu d’abord que des ouvriers qui ont travaillé sur le chantier se soulèvent pour n’avoir pas été payés pour que le ministre se décide à faire cette tournée. A l’analyse, le comportement affiché par le ministre Armand Zinzindohoué n’est pas innocent. Kèmon est un village qui n’est pas loin de Tchaourou. On est donc dans le fief du Chef de l’Etat. Il faut donc montrer au Chef qu’on défend la cause de ses électeurs même si au bout du rouleau, on doit sacrifier les intérêts de la majorité présidentielle. Celui qui avait gagné le marché relatif à la piste rurale de Kèmon et ce, bien avant les élections législatives de mars 2007 est un élu de la Fcbe. Mais comme il doit se départir de sa société, selon les informations qui nous sont parvenues, il aurait engagé les formalités qui ne sont pas restées sans répercussions sur la bonne marche des travaux. L’autre élément que semble oublier le ministre est que les pluies qui ont duré plus de quatre mois au cours de cette saison ont constitué un facteur limitant pour la plupart des entreprises qui exécutent des marchés dans la région. Et à aucun moment, l’entreprise qui a gagné le marché n’a renoncé à sa réalisation. D’ailleurs, un appel de fonds a été fait auprès d’une banque de la place pour que les travaux soient achevés au plus tôt. On ne comprend pas donc l’acharnement du ministre contre les intérêts d’un membre de sa famille politique à qui il doit sa promotion dans l’appareil d’Etat. Il y a de quoi s’inquiéter. Le comportement affiché par le ministre Armand Zinzindohoué suscite déjà des remous à Abomey. Pour les uns et les autres, en ce moment où on parle de réconciliation, il ne sera pas permis à un fils d’Abomey de livrer son frère à la vindicte populaire. Une chose est désormais certaine à savoir que ça carbure sérieusement dans le camp des partisans du docteur Boni Yayi . Pour une question de marché, un ministre est décidé à brouiller les cartes comme pour dire « advienne que pourra ».

Euloge Badou



26/11/2007
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